L’IA et le contrôle social dans les prisons, au travers du film "Orange Mécanique"

Le film Orange Mécanique, réalisé par Stanley Kubrick en 1971, se déroule dans un futur dystopique marqué par la violence et l’autoritarisme. Alex, le personnage principal, dirige un gang de jeunes marginalisés qui sèment le chaos à travers des actes violents injustifiés. Ce dernier se voit accepter de subir un traitement expérimental appelé “Ludovico Technique” afin de réduire le temps de la peine de la prison à laquelle il a été condamné. Ce film nous amène à approfondir notre réflexion sur de multiples sujets tels que la délinquance juvénile, le libre arbitre et la corruption morale des autorités. À travers ce traitement spécifique, les enjeux de l’expérience soulèvent des questions concernant le libre arbitre et la manipulation des comportements humains avec l’utilisation des technologies. En effet, ce thème se révèle pertinent lorsqu’on parle des prisons modernes et de l’impact croissant de l’IA dans les processus de réhabilitation. En cherchant à rendre les actes violents insupportables pour Alex, cette technique soulève la question de savoir si une société peut réellement forcer un individu à changer ses comportements sans violer ses droits fondamentaux. Dans cet article, nous allons étudier ces enjeux en nous interrogeant sur les limites de l’intelligence artificielle dans la réhabilitation des détenus et dans la liberté individuelle.

La Ludovico technique, une forme de contrôle social totalitaire

La Ludovico Technique, une méthode de rééducation violente, consiste à utiliser la violence psychologique et la manipulation physiologique pour transformer un comportement déviant. L’objectif de ce traitement est de “rééduquer” Alex en le débarrassant de son penchant pour la violence mais ce processus se révèle à la fois inhumain et destructeur. L'idée est de faire en sorte qu'Alex associe chaque acte de violence à une réaction de rejet, provoquant des sensations de dégoût physique (comme des nausées), afin de rendre ces comportements insupportables pour lui. Ce contrôle de son corps et de son esprit est imposé de manière autoritaire, ce qui fait perdre à Alex sa capacité à exercer son libre arbitre et à choisir moralement ses actions. Cette technique remplace ainsi la capacité de discernement moral par une réaction conditionnée et déshumanisée.

L’utilisation de l’IA dans les prisons modernes : une évolution vers un contrôle similaire à la Ludovico Technique ?

Aujourd'hui, les technologies d'intelligence artificielle s’invitent de plus en plus dans les prisons pour aider à la rééducation des détenus, notamment à travers des systèmes d'algorithmes prédictifs pour évaluer les risques de récidive ou ceux présentant des troubles de santé mentale et concevoir des programmes personnalisés. Cependant, cette évolution soulève des questions complexes sur l'équilibre entre technologie et liberté individuelle. Il serait logique de penser que, dans un avenir proche, ces programmes de rééducation de plus en plus intrusifs pourraient ressembler à la Ludovico Technique du film Orange Mécanique. Un avenir proche dans lequel les comportements des détenus seront manipulés par des moyens automatisés et psychologiquement contraignants. Cette perspective nous pousse à une réflexion essentielle : ne risquons-nous pas de réduire les individus à de simples données, en négligeant leur potentiel de réhabilitation et en risquant de les soumettre à un contrôle social autoritaire ? L'enjeu est de taille. Il est crucial de trouver un juste milieu entre l'efficacité des traitements et le respect des droits humains, tout en veillant à ce que l'IA ne prive pas les détenus de leur capacité à exercer une réflexion autonome. 

 

En introduisant l’intelligence artificielle dans les prisons, avec des outils de surveillance avancés comme des caméras intelligentes ou des dispositifs portables qui captent les émotions en temps réel des détenus, le risque est grand que ces technologies dépassent la simple surveillance passive. Cela pourrait affecter leur réinsertion mais également interroger sur le fondement même de leur réhabilitation. L’espoir de préserver la dignité humaine et la liberté des individus tout en renforçant le processus de rééducation réside dans la frontière entre aide et oppression. L’avenir dépendra de notre capacité à lier progrès technologique et respect des droits humains.

Les défis de la rééducation par l’IA : entre liberté, enjeux éthiques et respect des droits humains

Le contrôle par l'IA dans les prisons pourrait-il conduire à un enfermement non seulement physique mais aussi psychologique, où la liberté individuelle et les choix des détenus seraient constamment limités par des algorithmes et des systèmes de surveillance ? En parallèle, une comparaison peut être faite avec Orange Mécanique, où le protagoniste subit une suppression totale de son autonomie morale et éthique par un processus de conditionnement mécanique. Le film soulève de nombreuses questions éthiques sur les actions entreprises au nom du "bien de la société", tout en mettant en évidence la manipulation de la liberté individuelle. De manière similaire, les programmes de rééducation utilisant des algorithmes d'IA sont parfois perçus comme une forme de contrôle excessif. Bien qu'ils puissent offrir des moyens efficaces pour gérer la sécurité et la réinsertion des détenus, il est crucial de veiller à ce qu'ils ne débouchent pas sur des violations des droits humains et des principes de justice. Un usage mal encadré pourrait réduire les détenus à des objets de manipulation technologique, compromettant ainsi leur autonomie et leur droit à un traitement humain. Il est donc fondamental de se demander quel est le juste équilibre entre la réinsertion d'un détenu et la manipulation de son comportement par la technologie.

 

Une réflexion comparable peut être faite avec le livre Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, dans lequel le livre interroge, tout comme Orange Mécanique, les dangers de la technologie quand elle est utilisée pour contraindre et déshumaniser l’individu au détriment de sa liberté individuelle.


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Sources